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— Il en a trois, répondit le portier ; la plus âgée a huit ans.

Le prince s’excusa et se dirigea vers une autre porte. Aux portiers de vingt maisons il fit la même demande ; aucun ne connaissait la jeune fille qu’il cherchait. Il arriva devant la pagode de Koan-In ; et il errait, plein de tristesse, jetant aux murailles muettes des regards désespérés.

Un vieillard, de la terrasse de sa maison, appela le prince.

— Jeune seigneur, dit-il, que cherches-tu ?

Le prince leva la tête.

— As-tu vu une jeune fille rentrer seule chez elle, cette nuit ? demanda-t-il.

— Si cette nuit n’avait pas été pleine de troubles et de batailles, ta question serait oiseuse ; car un vieillard ne passe pas volontairement la nuit à regarder ce qui se fait dehors. Mais, ayant été réveillé par les cris des soldats, j’ai ouvert ma fenêtre et j’ai observé le combat sanglant qui s’est livré devant la pagode de Koan-In.

— Et tu as vu une jeune fille ?

— Non ; mais un jeune garçon qui, après la bataille, est venu frapper à la pagode.

— C’est elle ! s’écria le prince en battant des mains. Et que s’est-il passé, bon vieillard, après que ce jeune garçon eut frappé à la porte de la pagode ?

— Les vainqueurs lui ont ouvert, et il est entré en donnant les signes de la plus vive inquiétude.

— Ensuite ?