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tordaient des branchages de corail aux fleurs de topaze.

— J’arriverai peut-être dans le jardin impérial, dit-elle.

Elle marcha sans hésitation. Mais, de l’autre côté du pont, elle se retrouva dans l’obscurité. Elle entendit un mugissement sourd, pareil au murmure d’une cascade lente ou aux vibrations lointaines d’un gong.

— Où suis-je ? Hélas ! dans le palais encore, et les soldats sont en marche sans doute, et je n’arriverai pas avant eux, et Ta-Kiang sera perdu !

Elle se mit à pleurer silencieusement, puis une autre terreur l’envahit.

— Je suis peut-être dans la chambre du fils du Ciel ! Si j’allais le voir apparaître avec sa poitrine sanglante et son visage terrible ! Oh ! je mourrais d’épouvante. Je ne veux pas le voir, l’empereur courroucé.

Elle marcha rapidement devant elle. Ses pas légers éveillaient un bruit lourd et profond. Yo-Men-Li crut que toute une armée de guerriers aux cuirasses de bronze s’était levée derrière elle. Elle poussa un cri d’agonie et se mit à courir, éperdue au milieu du tumulte qui grossissait formidablement.

Soudain, en face d’elle, un rideau s’écarta, laissant passer un flot de clarté. Éblouie, la jeune fille chancela. Elle allait tomber sur le rude sol, lorsqu’un bras rapide la saisit et l’emporta.

Quelques instants après, le front baigné d’eau parfumée, le corps enveloppé de fourrures et enfoncé