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CHAPITRE XII


L’HÉRITIER DU CIEL


La lune monte vers le cœur du ciel nocturne et s’y repose amoureusement.

Sur le lac lentement remué, la brise du soir passe, passe, repasse en baisant l’eau heureuse.

Oh ! quel accord serein résulte de l’union des choses qui sont faites pour s’unir !

Mais les choses qui sont faites pour s’unir s’unissent rarement.


La nuit emplissait la Salle du Repas lorsque Yo-Men-Li, cachée dans les longs plis de la nappe de satin, se réveilla de son évanouissement.

— Où suis-je ? dit-elle en regardant avec effroi l’obscurité. Dans un affreux cachot, sans doute.

Elle tâta le sol, en craignant de poser la main sur une boue humide ou sur quelque reptile flasque. Elle sentit la fraîcheur lisse des dalles d’albâtre et de la soyeuse étoffe qui traînait à terre.