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Écoute donc : dans le socle de la statue de Koan-In une porte s’ouvre sur l’escalier d’un souterrain…

Une flèche siffla à l’oreille de Ko-Li-Tsin. Le prêtre, frappé à la tempe, tomba en arrière et mourut sans un cri. Son bras déjà roide tendait à Ko-Li-Tsin deux clefs d’or.

Le poète se baissa, prit les clefs et les cacha dans sa ceinture.

Les Tigres de guerre et les archers avaient gravi l’escalier d’albâtre et hurlaient au pied de la pagode. Une nuée de flèches s’envola des arcs bien tendus et vint égratigner les murs de porcelaine, par-dessus la tête des assiégés. Au même moment, la lune éclaira une avalanche tumultueuse de pierres et de marbre, dont la blancheur s’ensanglantait dans les épaules brisées et dans des crânes rompus.

— Bien ! dit Ko-Li-Tsin ; ils détériorent nos murailles, mais nous cassons leurs têtes.

Des gémissements se mêlaient aux cris de rage des assaillants.

— Jetez ce qui vous reste de projectiles avant qu’ils soient revenus de leur frayeur ! cria Ko-Li-Tsin.

Une seconde avalanche tomba sur le dos des soldats, inclinés vers leurs compagnons blessés. Plusieurs ne se relevèrent pas.

Ko-Li-Tsin se pencha et regarda joyeusement le champ de bataille.

— Les Tigres de guerre ont les griffes coupées, dit-il.

Une flèche vint le piquer à l’épaule.