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Ko-Li-Tsin, suivi de Ya-Tchin, entra et dit rapidement :

— Ferme les portes. Donne l’alarme. Qu’on emplisse d’eau les fossés ; les Tigres de guerre nous suivent.

Le jeune bonze ferma la porte à triple tour et courut vers la pagode, les bras levés.

La bonne Yu-Tchin, stupéfaite, considérait Ko-Li-Tsin qui marchait lentement dans l’allée de marbre.

Bientôt sur l’escalier d’albâtre de la pagode parurent des bonzes portant des lanternes. Ils descendaient rapidement, puis couraient en criant. Le Grand Bonze lui-même sortit et marcha au-devant de Ko-Li-Tsin.

— Que s’est-il passé ? demanda-t-il.

— Le sabre est sorti du fourreau, dit Ko-Li-Tsin, mais il n’est point entré dans la poitrine. L’enfant avait la main faible. Je me suis fait prendre à sa place, craignant que son cœur ne fût faible aussi devant la torture.

— On t’a torturé ? dit le bonze. Tu n’as rien avoué ?

— Rien, dit Ko-Li-Tsin ; mais le mandarin a trahi. Des soldats vont venir s’emparer de la pagode. Il faut donc que Ta-Kiang parte. Le Dragon a les nuées pour ailes, qu’il s’en serve.

— Tu parles bien, dit le Grand Bonze, le Fils du Ciel fuira. Nous avions prévu tous les résultats possibles de notre tentative ; il y a des chevaux à la porte du pavillon impérial. Toi, viens vers Ta-Kiang.