l’herbe épaisse, étoilée de fleurs. Yu-Tchin se dirigea à travers les jardins impériaux, en soutenant Ko-Li-Tsin ; ensuite elle lui fit traverser des cours qu’il ne connaissait pas, et ils sortirent de la ville par la porte de l’Ouest, qui est celle des serviteurs. Ils avaient à peine franchi le pont qui saute le fossé qu’un murmure confus leur arriva de l’Enceinte Sacrée.
— Entends-tu ? dit la femme effrayée, on te cherche. Le gong vibre ; la cloche sonne, tout le palais est en rumeur. Fuyons ! fuyons vite !
— Si je pouvais courir ! dit le poète. D’ordinaire je vais plus vite qu’un cheval furieux.
Par un hasard favorable, un char de louage traîné par une mule passait à trente pas devant eux.
— Par ici ! par ici ! cria Yu-Tchin. On a besoin de toi.
Le cocher tourna la tête.
— La journée est finie, dit-il.
— Tu auras un liang d’or, répliqua Ko-Li-Tsin.
Le char s’approcha rapidement.
— Conduis-moi vite à la pagode de Koan-In, dit Ko-Li-Tsin en se hissant sous le dôme couvert d’une étoffe de coton bleu.
— Alla-ta ! cria le cocher.
Et la mule se mit en route.
— Pourquoi vas-tu à la pagode ? demanda Yu-Tchin, qui s’était assise sur les brancards. Viens chez ma sœur qui est mariée ; nous te soignerons toutes deux.
— Il faut avant tout remercier le ciel, dit le poète.