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naissance. Es-tu depuis longtemps dans la Capitale du Nord ?

— Depuis deux jours.

— Et d’où viens-tu ?

— Des champs, où l’air est pur et le vent doux.

— Avec qui es-tu venu ?

— Avec l’empereur.

— Tais-toi, misérable ! cria le juge.

Ko-Li-Tsin continua :

— Pour quelques-uns, Kang-Shi est le Fils du Ciel ; pour moi, le Fils du Ciel, c’est un autre.

— Ne blasphème pas, infâme, ou mille supplices vont déchirer ton corps. Mais, parle, pourquoi t’es tu livré ? Plusieurs affirment que ce n’est pas toi qui as porté le coup criminel.

— Ceux qui disent cela regardaient sans doute, au moment où j’ai frappé, si les troupes de cigognes n’arrivaient pas du septentrion.

— Tu as des complices : où sont-ils ?

Le poète se mit à balancer la tête en chantonnant.

— Ko-Li-Tsin ne le dira pas.

— Avoue, ou la torture saura t’arracher ton secret.

— Voici, dit Ko-Li-Tsin, en comptant sur ses doigts :


Lorsqu’on aura dépecé mon corps en cent morceaux et ouvert chacun de mes membres,

On ne découvrira pas dans quel lambeau de ma chair est caché le secret ;