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s’agenouiller. Mais il s’assit sur un bloc de marbre sellé au sol, qui était un tabouret de torture.

— Rebelle, dit le juge, quel est ton nom ?

— Un joli nom, dit le poète en s’inclinant avec politesse : Ko-Li-Tsin.

— Où es-tu né ?

— Ah ! j’étais fort jeune alors ! et, comme je n’ai jamais vu mes parents, je ne sais pas où je suis né. La première fois que je me suis rencontré j’avais huit ans ; c’était sur la place d’une belle cité, dans la province de Ho-Nan.

— Quels sont tes parents ?

— Une rou-li sans doute et un immortel, dit Ko-Li-Tsin en riant.

— Imprudent ! s’écria l’interrogateur, ne te moque pas de la justice !

— Qu’elle ne me fournisse pas de sujets de moquerie. Je dis que je n’ai jamais vu mes parents, et elle me demande : quels sont tes parents !


Lorsqu’on a réuni les œufs dans une corbeille on ne saurait dire quelle poule a pondu cet œuf-ci ou celui-là ;

Et quand les poulets, éclos dans le four de briques, se promènent dans la campagne, ils ne savent pas quels sont leurs parents.


— On ne te demande pas des vers, dit le juge en fronçant les sourcils.

— C’est une largesse que je vous fais.

— D’ailleurs, peu importent tes parents et ta