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Dragon de sa splendeur, la Tortue vénérées, de sa patience ; et chaque jour Pan-Kou grandit de plusieurs coudées. Quand il meurt sa substance transformée complète son œuvre ; son souffle devient le vent, sa voix le tonnerre ; ses veines, fleuves purs, courent dans sa chair, champ fécond ; sa tête est la plus haute montagne ; sa barbe flamboie en rayons ; les poils de son corps sont les chênes et les cèdres ; sa sueur forme la pluie ; ses dents se font métaux, ses os rochers ; et les insectes qui pullulent sur son cadavre, ce sont les hommes voraces. Après la statue d’onyx qui figure le Géant Créateur se dressent les trois souverains, le Céleste, le Terrestre et l’Humain, qui enseignèrent aux mortels les fonctions de la vie, et dont les glorieuses actions furent écrites sur la carapace de la tortue divine. Puis apparaissent, éclatants d’or ou de cuivre, Yu-Tcho, l’homme au nid, qui le premier construisit une maison, et le grand Fou-Shi, inventeur de la musique, de la chasse, de la pêche, et Kong-Fou-Tzé et Lao Kiun et Meng-Tzé, et vingt poètes et cent empereurs. D’autres salles contiennent des monstres de bronze et des animaux en marbres rares, des dents de lamentins finement sculptées, des tours d’ivoire, des coupes faites d’une corne de rhinocéros ou de buffle, et qui neutralisent la méchanceté des poisons, des émaux superbes et d’antiques porcelaines étoilent et fleurissent les plafonds ou les murs. Des costumes lourds de pierreries, écrasés de ramages d’or, s’entassent en de larges coffres de bois de fer aux poignées d’argent