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LXVIII




Une fois, passant en voiture dans un quartier de Paris que je ne connaissais pas, je me dressai tout à coup, debout, agitant les bras, criant de toutes mes forces au cocher d’arrêter.

Qu’est-ce que j’avais vu ?… Qu’est-ce qui me prenait ?… Étais-je malade, ou folle ?…

— C’est la rue des Jeûneurs ! la rue des Jeûneurs !

— Eh bien ! qu’est-ce que ça nous fait, la rue des Jeûneurs ? Ce n’est pas là que nous allons.

— C’est la rue de Catherine !

— La rue de Catherine ?…

— Oui, la rue où demeure son tuteur.

Et comme le cocher s’est arrêté, je veux absolument descendre. Ma mère comprend qu’il n’y aura pas moyen de me faire entendre raison, et que le plus court est de céder. Nous voilà donc avec ma sœur, toutes trois sur le pavé de la rue des Jeûneurs.