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LXVI




Depuis longtemps, je demandais qu’on me laissât aller voir ma nourrice ; la permission était accordée, mais on reculait toujours la visite. Marianne n’avait pas le temps, le Conservatoire la mettait en retard pour son ouvrage, ou bien il fallait faire une course pour mon père ; coudre quelque chose de pressé pour ma mère. Mais je revenais sans cesse à la charge, et un jour, enfin, suivies de Marianne, nous nous mîmes en route, ma sœur et moi, vers les Batignolles.

Je trouvai la chère nounou triste et vêtue de noir. Le père Damon était mort, de la maladie qui le tenait depuis longtemps. On avait beau s’attendre au malheur, c’était dur tout de même, quand il arrivait.

Pauvre père Damon ! Je l’aimais bien, aussi lui ; il se faisait si doux pour moi, si soumis à mes caprices. Sur les genoux de la Chérie,