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le collier des jours

en travers de la salle, les plus petits par devant, on attendait le signal.

M. Siau s’était assis et avait saisi son violon. Il méditait profondément, composait le pas, qu’il allait nous donner à étudier. L’instant était solennel…

Tout à coup, l’archet grinçait, le violon égrenait une mélodie sautillante, tandis que les pieds du maître s’agitaient frénétiquement : il dansait assis ! Quand le pas était bien fixé, il l’énonçait. Les deux plus fortes de la classe, hors du rang, comme des chefs d’armée, se penchaient attentives et recueillaient les paroles :

— Quatre assemblés, deux ronds de jambes, trois jetés battus, une pirouette…

Elles répétaient le pas et, quand elles l’avaient bien compris, le branle commençait, la mélodie sonnait plus haut, accentuant les temps forts, et le maître, toujours assis, gigotait de plus belle.

Sauf quelques-unes, dans les premiers rangs, qui s’efforçaient de suivre, on se trémoussait au hasard et, dans les dernières lignes, on ne faisait que des farces.

Oh ! oui, c’était amusant, la classe de danse ! et nous ne nous faisions pas prier pour y courir. Marianne, orgueilleuse de notre tenue, passait son temps à repasser les petites jupes