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le collier des jours

Malgré la difficulté du travail et les minutieuses recherches archéologiques, qu’exigeait presque chaque page, Le Roman de la Momie paraissait en feuilleton, à mesure qu’il était écrit. Mon père n’avait naturellement que fort peu d’avance et devait se hâter, pour ne pas se laisser dépasser par les imprimeurs. Ces recherches, à travers ces in-folios à planches mobiles, qui s’embrouillaient vite et se perdaient, lui faisaient dépenser un temps précieux, il devait se lever à chaque moment, feuilleter, chercher, et il s’impatientait à ce manège, d’autant plus que ces livres ne lui appartenaient pas ; ils lui avaient été prêtés par Ernest Feydeau, et il avait très peur de les abîmer.

Un jour, qu’il était plus impatienté encore que de coutume, il me fit venir, et me demanda si je me sentais capable, pour lui rendre service, de rester tranquille pendant quelques heures, afin de l’aider dans son travail. Très flattée d’être appelée à de si hautes fonctions, je m’engageai, sans hésiter, à être très sage. Se fiant à ma promesse, il m’installa sur la table même, et je fus chargée de lui passer les planches, à mesure qu’il en avait besoin, puis de les reprendre et de les remettre en ordre.

Son installation à lui était des plus simples ; un gros livre, appuyé sur un plus petit, formait son pupitre, et, de son écriture régulière et fine,