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le collier des jours

lette éclatante, couverte de dentelles blanches et de bijoux, avec des plumes extraordinaires à son chapeau. C’était une noble dame espagnole, la marquise de Guadalcazar, et je sus plus tard que la sombre religieuse, confusément aperçue, était la fille de cette somptueuse personne.

La seconde dame, d’un certain âge, richement vêtue, petite, trapue, l’air rébarbatif et grognon, m’inspira au premier coup d’œil une profonde antipathie : c’était ma grand’mère maternelle.

Giselle était là aussi, la plus effacée de ces trois dames, la moins voyante, dans son élégance sobre et discrète, aussi, je la remarquai peu, fascinée et absourdie que j’étais par la marquise, dont les rires et les discours tumultueux, dominaient tout.

Tante Zoé n’avait pas voulu s’asseoir ; gênée et hostile, à la fois, elle restait droite, dans sa mince robe noire, les lèvres serrées, se tenant à distance, et tenant à distance ce groupe mondain, qui, confusément, choquait ses principes et ses idées étroites de bourgeoise, tout en lui paraissant peut-être, enviable. Humiliée d’être venue, chagrinée aussi d’être contrainte de m’abandonner à d’autres, elle protestait, par son attitude et son désir de ne pas s’attarder, une fois sa mission remplie.