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traire très perplexe et se grattait le coin du sourcil.

Lili fut convoquée, pour admirer les nouveaux achats et donner son avis.

— Tu verras quel superbe chapeau et comme je suis fière là-dessous, disait tante Mion.

Moi aussi je voulais voir et j’étais là, naturellement.

On ouvrit le carton et on en tira une fraîche et délicieuse capote en satin rose !…

— Hein ! elle est jolie ?…

Et l’empoignant de ses longs doigts hâlés, tante Mion se la campa sur la tête, en se faisant des mines dans la glace. Lili et Zoé échangeaient des regards effarés et se retenaient à grand-peine de pouffer de rire. Elles essayèrent quelques objections : c’était bien fragile, bien voyant, peut-être un peu trop jeune tout de même, et puis cette couleur rose n’allait pas à tout le monde… Mais tante Mion ne voulait pas se rendre.

– Vous autres Parisiens, vous avez des idées toutes faites, disait-elle, ce n’est pas comme chez nous : je suis sûre qu’à Avignon ça plairait…

Tout à coup elle me chercha des yeux.

— Tiens ! c’est la mignonne qui va décider, s’écria-t-elle, allons, dis-le franchement comment me trouves-tu ?

Je n’avais pas envie de rire, tant j’étais stu-