terne de bronze, une jeune fille, étroitement serrée dans sa robe de crêpe bleu de ciel, dont tous les plis étaient rejetés en avant, fixait son regard distrait sur le petit seigneur ; elle avait à la main un écran sur lequel était peint un colibri.
— Tiens le sabre vigoureusement, disait l’instructeur, appuie-le par la pointe au-dessous des côtes du côté gauche, aie soin que le tranchant de la lame soit tourné vers la droite. Maintenant serre bien la poignée dans ta main et pèse de toutes tes forces, puis vivement, sans cesser d’appuyer, ramène l’arme horizontalement vers ton côté droit, de cette façon tu te fendras le corps selon les règles.
L’enfant exécuta le mouvement avec une telle violence, qu’il déchira son vêtement.
— Bien ! bien ! s’écria le prince d’Ovari en se frappant les cuisses avec ses mains ouvertes, le petit a de l’audace !
En même temps, il leva les yeux vers les femmes penchées hors de la galerie et leur communiqua son impression par un signe de tête.
— Il sera brave, intrépide comme son père, dit l’une d’elles.
C’est alors que l’on vint prévenir le prince de l’apparition sur la route royale d’un groupe de cavaliers.
— Sans doute un seigneur voisin vient me visiter incognito, dit le prince, ou bien ces cavaliers sont simplement des voyageurs qui passent ; en tous cas il n’y a pas eu lieu d’interrompre la leçon.
L’instructeur fit alors énumérer à son élève les événements qui obligent un homme de noble race à s’ouvrir le ventre : avoir encouru la disgrâce du siogoun, ou reçu de lui une réprimande en public, s’être déshonoré, s’être vengé d’une insulte par l’assassinat,