que la mousse veloute le parsèment, et les hautes collines, par places, sont cultivées jusqu’à leur faîte. D’un mont à l’autre une vallée se creuse, laissant voir un village tapi à l’ombre d’un petit bois, près d’un ruisseau, puis au fond de nouvelles collines ferment la vallée.
Une route large et bien entretenue circule entre les mouvements de terrain et passe au pied du château d’Ovari. Cette route, que l’on nomme le Tokaïdo, fut construite par Taïko-Sama ; elle sillonne tout l’empire en traversant les domaines des Daïmios et est soumise uniquement à la juridiction du siogoun.
Le prince qui régnait sur la province d’Ovari résidait alors dans son château.
Vers la troisième heure après midi, le jour ou Hiéyas s’enfuyait d’Osaka, la sentinelle placée sur la plus haute tour du palais d’Ovari cria qu’elle apercevait une troupe de cavaliers galopant sur le Tokaïdo. Le prince était à ce moment dans une des cours du château, accroupi sur ses talons, les mains appuyées sur ses cuisses ; il assistait à une leçon de Hara-Kiri que prenait son jeune fils.
L’enfant, assis sur une natte au milieu de la cour, tenait à deux mains un sabre court non affilé et levait son joli visage naïf, mais déjà grave vers son instructeur, assis en face de lui. Des femmes regardaient du haut d’une galerie, et leurs toilettes faisaient des taches joyeuses sur les teintes claires des boiseries découpées ; des papillons énormes étaient brodés sur leurs robes ou bien des oiseaux, des fleurs ou des disques bariolés, toutes avaient la tête hérissée de grandes épingles en écaille blonde. Elles caquetaient entre elles avec mille minauderies charmantes.
Dans la cour, appuyée contre le support d’une lan-