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qui éclairait les riches broderies de leur robe et arrachait des éclairs bleus à leur casque léger, aux ornements découpés à jour.

Le prince reconnut le costume des Cavaliers du Ciel, la garde d’honneur du mikado.

Bientôt, des assassins postés par le régent, il ne reste plus que des morts. Les vainqueurs essuyent leurs armes, et le chef de la troupe s’approche de Nagato.

— Es-tu blessé gravement, prince ? lui demanda-t-il.

— Je ne sais, répondit Nagato : dans l’ardeur du combat, je n’ai rien senti.

— Mais ton visage est inondé de sang.

— C’est vrai, dit le prince en portant sa main à sa joue.

— Veux-tu descendre de cheval ?

— Non, je craindrais de n’y plus pouvoir remonter. Mais ne parlons plus de moi ; laisse-moi te remercier de ton intervention miraculeuse qui me sauve la vie et te demander par quelle suite de circonstance vous étiez a cette heure sur cette route.

— Je te dirai cela tout à l’heure, dit le cavalier ; mais pas avant d’avoir pansé cette blessure qui va laisser fuir tout ton sang.

On alla prendre de l’eau à une mare voisine et on en baigna le visage du prince : une entaille assez profonde apparut sur le front près de la tempe. On ne put provisoirement qu’entourer le front d’un bandeau serré.

— Tu as d’autres blessures, n’est-ce pas ?

— Je le crois, mais je me sens la force de gagner Osaka.

— Eh bien en route ! dit le cavalier, nous causerons, tout en marchant.

La petite troupe se mit en marche.