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conduira en mer et gagnera le large. Là, une grande jonque, appartenant au prince de Satsouma, est à l’ancre prête à te recevoir. Dès que tu y auras posé le pied, elle fera voile vers l’île de Kiou-Siou ; le seigneur de Satsouma, le plus puissant prince de ton royaume, le plus fidèle de tes sujets, t’ouvrira sa province et son château ; tu pourras y vivre heureux, près de l’épouse de ton choix, jusqu’au jour de la vengeance.

— Je reconnais bien là ton dévouement infatigable, dit le siogoun dont les yeux se mouillaient de larmes. Mais comment sortir du château ? comment le traverser sans être massacré par la horde furieuse qui l’enveloppe ?

— Tu sortiras comme je suis entré, dit le prince, sans être inquiété par personne. Si vous voulez me suivre jusqu’à mon palais, continua-t-il en s’inclinant devant les deux princesses, je vous montrerai le chemin qu’il faut prendre pour quitter la forteresse.

— Prince, dit Yodogimi, ta grandeur d’âme me remplit de confusion ; moi, qui ai si souvent essayé de te nuire, je vois aujourd’hui à quel point j’étais injuste et aveugle ; dis-moi que tu me pardonnes mes erreurs passées, sinon je n’accepte pas d’être sauvée par toi.

— Je n’ai rien à te pardonner, princesse, dit Nagato, c’est moi qui suis coupable d’avoir eu l’incomparable maladresse de te déplaire.

— Allons, partons d’ici, dit le siogoun, vous vous expliquerez plus tard.

Ils sortirent de la salle, Loo marchait devant.

Dans la première cour du palais, les insignes de Taïko-Sama brûlaient encore, ils formaient un monceau de braises. En passant près d’eux, Fidé-Yori détourna la tête. Ils atteignirent le pavillon du prince