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Après quelques hésitations, on était rentré dans la ville. Cette histoire de trahison était complètement inexacte : c’était une perfidie de Hiéyas qui, bien qu’il fût fort, ne dédaignait pas d’employer la ruse. Mais le peuple n’accepta pas cette raison, la rentrée des soldats fit le plus déplorable effet.

— Ils ne savent pas se conduire, disait-on.

— Ils sont perdus, tout est fini maintenant.

— Après tout, cela ne nous regarde pas.

La moitié de la population commençait à désirer l’avènement de Hiéyas.

Le siogoun était à peine rentré dans le château que l’armée ennemie attaqua les faubourgs de la ville. Les habitants s’enfermèrent dans leurs maisons. Un combat terrible s’engagea, on défendait le terrain pied à pied. Cependant l’ennemi avançait. On se battait dans les rues peu larges, aux bords des canaux, dont l’eau rougie de sang balançait des cadavres, chaque pont était emporté après une lutte acharnée. Peu à peu, les soldats de Fidé-Yori furent repoussés vers la forteresse.

Dans le château la confusion était grande, on ne songeait pas à défendre la première muraille, les bastions n’existaient plus, le fossé n’avait pas été recreusé à plus de deux pieds de profondeur. On s’enfermait dans la seconde enceinte ; mais là on était trop éloigné pour rendre aucun service à ceux qui combattaient. Ces derniers, après trois heures de lutte, furent repoussés jusqu’aux murs du château ; ils envahirent la première enceinte et crièrent pour se faire ouvrir la seconde. Ils allaient être écrasés contre elle.

Yodogimi cria d’ouvrir. Toutes les portes s’écartèrent à la fois, et les soldats se précipitèrent. Mais