Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/400

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ral Yoké-Moura lui avait conseillé cette tentative, dont la réussite permettrait de protéger la sortie du siogoun.

Tout était prêt pour le dernier effort, les soldats étaient pleins d’ardeur, les chefs avaient bon espoir, Fidé-Yori reprenait confiance, il croyait à la victoire. Une chose l’attristait cependant, c’était dans cette situation suprême l’absence de son ami le plus fidèle, de son conseiller le plus sage, du prince de Nagato : qu’était-il devenu ? que lui était-il arrivé ? Depuis vingt jours environ qu’il avait brusquement quitté Osaka, on n’avait aucune nouvelle de lui.

— Il est mort puisqu’il n’est pas près de moi à l’heure du danger, se disait le siogoun en soupirant profondément.

Dès le jour, les habitants d’Osaka encombrèrent les abords de la forteresse ; ils voulaient voir le siogoun sortir du château en tenue de combat, au milieu de ses guerriers aux riches costumes. En attendant, ils causaient avec les soldats campés dans les rues, leur versant des rasades de saké. L’aspect de la ville était joyeux : en dépit de tout, le caractère léger de ses habitants reprenait le dessus. Ils allaient voir un spectacle, ils étaient heureux.

Vers la huitième heure, les portes de la seconde muraille du château fort s’ouvrirent toutes grandes et laissèrent apercevoir une confusion de bannières, qui flottaient parmi les rayures lumineuses formées par les hautes lances.

Les premiers corps de lanciers du siogoun s’avancèrent, cuirassés, coiffés du casque à visière, évasé autour de la nuque et orné au-dessus du front d’une sorte de croissant de cuivre, la lance au poing, un petit drapeau enmanché derrière l’épaule gauche ;