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moins susceptibles que leurs compagnons, refusèrent à leur tour de travailler. De sorte qu’après un mois et demi les enfants pouvaient encore facilement monter et descendre dans le fossé. Nagato fut obligé d’infliger des peines sévères. L’ordre s’établit peu à peu.

Signénari dressa son camp dans la plaine, au nord de la ville. Yoké-Moura s’établit sur la colline nommé Yoka-Yama ; Harounaga, sur celle qui porte le nom de Tchaousi-Yama. Tout le reste des troupes gardait la plage, ou était massé dans les forteresses. De plus, Nagato avait chargé Raïden et ses compagnons d’engager tous ceux qui voudraient se battre. Les braves matelots avaient réuni dix mille volontaires.

Ainsi défendue, la ville était difficile à surprendre. Nagato avait l’œil à tout, il avait fait fortifier encore les deux bastions qui se dressent à l’entrée d’Osaka, de chaque côté du fleuve. À l’aide des canaux qui entrecoupent toute la ville, en faisant démolir un certain nombre de ponts, il était arrivé à former un fossé, à isoler le quartier qui renfermait la forteresse. Le prince semblait infatigable. Avec un pareil chef qui songeait à tout et enflammait les soldats par ses paroles et son exemple, la ville pouvait se défendre et espérer encore. Mais tout à coup Nagato quitta Osaka.

Un soir un cavalier s’était arrêté à la porte de son palais. Nagato avait reconnu Farou-So-Chan, un des seigneurs attachés spécialement au service de la Kisaki. Ce n’était jamais sans un profond battement de cœur qu’Ivakoura voyait qui que ce fût venant du Daïri. Cette fois, son émotion fut plus violente encore, Farou-So-Chan était chargé d’une mission particulière et secrète.

— Voici une lettre que la Kisaki m’a chargé de re-