Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/369

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne lui restait plus qu’à remonter vers le château. La route était longue encore, mais sans obstacle. Elle marcha courageusement, serrant sa robe sur sa poitrine, pour se préserver du froid.

Des veilleurs de nuit passèrent sur l’autre rivage, ils frappaient sur des tambourins, pour annoncer la dernière veille de la nuit. Lorsque la jeune fille atteignit le château, un jour blafard et terne s’efforçait de percer les nuages ; la neige reprenait sa blancheur bleuâtre et éclatante, elle semblait dégager de la lumière plutôt que d’en recevoir de ce ciel obscur qui semblait couvert d’une fumée rousse.

Le château dressait sa masse imposante devant les regards de la jeune fille. Les hautes tours s’élevaient sur ! e ciel, les larges toits des pavillons princiers s’échelonnaient, les cèdres, le long de la première terrasse, avaient amassé sur leurs rameaux encore verts des paquets de neige, dont quelques fragments se détachaient par instant et dégringolaient de branche en branche.

Omiti sentit les larmes lui venir aux yeux, lorsqu’elle vit les murs détruits, les fossés comblés.

— Mon pauvre prince bien-aimé, se dit-elle, tu t’es livré à ton ennemi, si la guerre recommençait tu serais perdu ; du moins tu échapperas encore à l’odieux complot tramé contre toi !

Tout dormait au château, hormis les sentinelles très nombreuses, qui allaient et venaient ; on avait remplacé les murailles tombées par des murs vivants.

Omiti, au moment de toucher au but, craignit de ne pas avoir la force de franchir les quelques pas qui lui restaient à faire pour atteindre la porte de la forteresse. Trempée de neige, brisée de fatigue et d’émotion, le frisson glacial du matin la faisait trembler de