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nues dans son panier. La douce inspirée mourut ; alors seulement les haines se turent et sa gloire éclata. Elle fut déifiée et toutes les mémoires gardèrent son souvenir.

Après avoir représenté quelques fragments de la pièce qui met en scène la vie d’Onono-Komati, on joua un intermède burlesque.

La scène se passe dans un bain public, et selon l’usage, les hommes et les femmes, entièrement nus, se baignent ensemble, ils se racontent les uns aux autres toutes sortes d’anecdotes comiques et font mille folies. Survient une femme enceinte, qui bientôt prise des douleurs de l’enfantement se met à pousser des cris aigus, et finalement met au monde un gros garçon. Baigneurs et baigneuses accueillent cette naissance par une ronde échevelée.

Enfin le Taïko-Ki commença.

La toile se lève sur une vaste décoration représentant un campement de soldats. La tente du chef se dresse au centre plus haute que les autres.

Des envoyés arrivent, tout effarés, faisant de grands gestes des jambes et des bras.

— Le chef ! le chef ! nous voulons le voir tout de suite ! crient-ils.

Alors les rideaux de la tente s’ouvrent, et Taïko apparaît.

Nariko-Ma a réussi à reproduire exactement l’attitude et le costume du héros qu’il représente. Le public manifeste sa satisfaction. Ceux qui, dans leur jeunesse, ont vu l’illustre siogoun, croient le revoir.

— Que me veut-on ? dit Taïko.

Les émissaires n’osent plus parler.

— Eh bien ! dit Taïko en fronçant le sourcil et en posant la main sur son sabre.