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cinq à six kobangs[1]. Les femmes devenaient folles au milieu des préparatifs de leurs toilettes ; les tailleurs, les brodeuses haletaient. On vantait les mérites de l’acteur principal qui devait remplir le rôle de Taiko. Tout le monde le connaissait ; il était célèbre. On l’avait surnommé Nariko-Ma, la « Toupie-Ronflante. »

Fidé-Yori, lui aussi, attendait impatiemment le jour de la représentation. Il espérait qu’Omiti y viendrait, et là, du moins, elle ne pourrait lui échapper. Ses recherches dans la ville avec le prince de Nagato n’avaient eu aucun résultat. Il n’était pas aussi aisé qu’ils se l’étaient imaginé de pénétrer dans toutes les maisons et de s’informer d’une jeune fille. Ils avaient commencé par les demeures des nobles. Là, c’était plus facile. Le siogoun honorait d’une visite, incognito, les épouses des seigneurs absents, il avait la fantaisie de voir la famille des princesses, et passait ainsi en revue toutes les jeunes filles nobles d’Osaka. Pour pénétrer chez les riches particuliers les deux amis furent contraints de se déguiser, et ils n’étaient pas toujours bien reçus. Leurs ruses pour se faire montrer les filles de la maison variaient ; ils prétendaient avoir vu tomber de la manche d’une jeune fille un objet d’une valeur inestimable qu’ils ne voulaient rendre qu’à elle. Ou bien ils se disaient envoyés par un vieillard au désespoir, qui venait de perdre sa fille unique, et qui cherchait une enfant du même âge, lui ressemblant un peu, afin de lui laisser sa fortune, qui était immense. Cette dernière invention du prince de Nagato réussissait assez bien, mais la besogne était rude, ils avaient déjà employé huit jours à ces recherches et

  1. Soixante à soixante-dix francs.