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Et, ainsi que l’avait prédit le prince, il n’ajouta pas un mot.

Le lendemain, on commença à démolir les murs de la forteresse. Dix mille hommes s’y acharnèrent : ils résistaient. On ne savait comment s’y prendre ; les pierres s’appuyaient à un talus de terre, elles y étaient comme enchâssées. En haut, sur le terre-plein qui formait une vaste terrasse, des cèdres s’élevaient et répandaient de l’ombre. On s’attaqua d’abord aux tours qui se projetaient de loin en loin en avant des murailles ; on les jeta dans le fossé, puis on arracha des blocs du rempart, on vint à bout du travail. Seulement, les murailles démolies semblaient se dresser encore ; les pierres n’y étaient plus, la montagne de terre restait ; mais le fossé était comblé.

Pendant que cette œuvre de destruction s’accomplissait, la ville continuait a se réjouir. Fidé-Yori fit fondre une cloche énorme, et la dédia solennellement, au temple de Bouddha ; sur cette cloche il avait fait graver ceci : Désormais, ma maison sera tranquille.

À l’occasion de cette dédicace, des réjouissances publiques avaient eu lieu. Maintenant on annonçait une représentation splendide, au principal théâtre d’Osaka. On devait mettre au jour un drame nouveau : le Taïko-ki, c’est-à-dire l’histoire de Taïko. Cette œuvre semi-historique venait d’être écrite à la gloire du père de Fidé-Yori. Le moment était bien choisi pour la représenter ; aussi se hâtait-on de tout préparer. Mais la mise en scène devait être très soignée, on n’avait pu encore fixer le jour de la représentation.

On ne parlait que de cela dans la ville. Les places étaient toutes retenues à l’avance ; on les payait de