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Yori. Allons attendre cette barque au-dessus de l’encombrement central ; lorsqu’elle s’éloignera, elle passera près de nous.

— De quel côté faut-il aller ? dit Nagato.

— Du côté de la haute ville, il n’y a pas d’habitations nobles du côté de la mer.

Ils attendirent vainement ; la barque ne se montra pas ; elle avait descendu le fleuve et s’était dirigée du côté des faubourgs.

Fidé-Yori, découragé, rentra au palais. Le prince de Nagato s’efforçait de le consoler.

— Tu es bien certain que celle que tu as vue était celle que tu cherches ? lui dit-il.

— Certes ! s’écria Fidé-Yori ; je n’ai vu son visage qu’une fois, mais jamais mes yeux ne l’oublieront.

— Alors, dit le prince, au lieu d’être triste, réjouis-toi. Tu t’imaginais seulement qu’elle habitait cette ville ; maintenant, tu as la certitude qu’elle y réside. Nous sommes donc sûrs de la retrouver. Tu donneras une nouvelle fête, et elle y sera encore.

— Tu as raison, ami, dit Fidé-Yori tu m’aideras ; nous fouillerons la ville. Nous la retrouverons, elle sera ma femme. Alors la vie, qui a été pour moi pleine de tristesses et de déceptions, commencera à me sourire. Dès demain, n’est ce pas ? nous nous mettrons en campagne, avant qu’une nouvelle fête soit organisée ; nous étudierons la ville quartier par quartier ; nous tâcherons de lui arracher son secret. Ah ! tu m’as rendu le courage, tu m’as fait presque joyeux !

L’espérance illuminait les yeux du jeune siogoun, un sourire entr’ouvait ses lèvres.

Tout à coup un nuage passa sur son front.

— Combien je suis égoïste et cruel ! s’écria-t-il. Toi,