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— C’est toi ! s’écria Fidé-Yori avec joie. Je n’espérais pas te revoir sitôt ; ta présence m’est un soulagement au milieu des ennuis qui m’accablent.

— Comment ! dit Ivakoura, nous sommes vainqueurs. Pourquoi es-tu triste ?

— Que dis-tu, ami ? Yoké-Moura, il est vrai, a chassé l’ennemi du village qu’il occupait près d’Osaka ; mais Harounaga vient d’être complètement battu en se reployant sur Yamasiro. Les deux tiers du royaume sont au pouvoir de notre ennemi.

— N’importe ! nous avons vaincu à Soumiossi ; nous avons jeté le désordre dans le camp de Hiéyas ; nous avons triomphé à Kioto, et le Fils des dieux, sortant un instant de sa torpeur, va ordonner aux deux partis de se réconcilier.

— Hiéyas refusera.

— Il ne peut pas refuser ; il ne peut pas se révolter ouvertement contre le mikado.

— Lui qui l’attaquait avec cette audace sacrilège !

— Il l’attaquait pour s’en rendre maître et lui dicter ses volontés. Le mikado prisonnier n’était plus rien ; le mikado libre, et ressaisissant pour un instant le pouvoir, est tout-puissant.

— Hiéyas m’imposera des conditions inacceptables. Son intérêt est de continuer la guerre.

— Néanmoins il sera contraint momentanément d’obéir, et ce qu’il nous faut surtout c’est quelques mois de répit.

— Certes, nous pourrions alors réunir toutes nos forces. Les communications ont été coupées, les armées des princes ne sont pas arrivées.

— Signenari et ses vingt mille hommes sont-ils toujours dans l’île d’Avadsi ? demanda le prince.