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maisons furent envahies, une sorte de pillage commença, on jetait tout au dehors : des paravents, des vases de bronze, des cofïres de laque, des matelas, des lanternes. Avec une rapidité étonnante tout cela allait s’accumuler pêle-mêle à l’entrée des ruelles. Un marchand de thé fut entièrement dévalisé, toutes les variétés exquises de la feuille aromatique, enveloppées dans du papier de soie, dans des boîtes de plomb ou dans des coffrets précieux, allèrent s’amomceler sur le sol, s’offrirent aux flèches et aux balles : l’air était embaumé.

L’ennemi s’acharnait, mais ne pouvait franchir la rue.

Vers la rivière, on entendait le bruit d’un autre combat qui s’engageait.

Le prince envoya un de ses hommes de ce côté.

— Dès que Yama-Kava aura triomphé, viens nous le dire.

La lutte devenait terrible : quelques barricades étaient forcées ; on se battait corps à corps dans la rue pleine de poussière et de fumée.

— Courage ! courage ! criait Nagato à ses hommes ; encore un instant !

Enfin l’envoyé revint.

— Victoire ! cria-t-il, Yama-Kava a passé la rivière.

Alors les hommes de Nagato commencèrent à se replier.

Yama-Kava, protégé par les cavaliers du ciel, qui du haut des tours accablaient de flèches les assaillants, était entré avec ses cinq mille hommes dans la forteresse. Le mikado était désormais hors de danger, sept mille hommes derrière des remparts valaient bien les