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— Suivez-moi.

La descente était des plus périlleuses, mais l’énergie des hommes semblait se communiquer aux chevaux : ils arrivèrent jusqu’au bas de la pente sans accident, puis s’engouffrèrent, avec une impétuosité formidable, dans la rue la plus encombrée de soldats.

Le bruit, produit par ce galop précipité sur les dalles du sol, était énorme. Les soldats se retournèrent, ils virent la rue toute pleine de cavaliers et, avec cette crainte instinctive qu’éprouvent des hommes à pied devant des hommes à cheval, ils voulurent se garer. Pour cela ils se bousculèrent et se culbutèrent les uns les autres, tâchant d’envahir les ruelles transversales. Les cavaliers lâchèrent quelques coups de feu, ce qui rendit plus prompte encore la fuite des piétons. En un instant la rue fut vidée, et les fuyards allèrent jeter l’inquiétude dans les quartiers voisins.

On se crut pris entre deux armées.

La rue dans laquelle s’était engagé Nagato, très longue, traversant presque toute la ville, aboutissait à une petite place. De l’autre côté de cette place, les voies qui débouchaient sur elle étaient occupées par les soldats Yama-Kava ; sur la place même, les adversaires s’étaient rejoints.

Le combat venait seulement de commencer. Bien qu’ils fussent inférieurs en nombre, les partisans de Fidé-Yori ne reculaient pas.

À l’entrée de la place le prince s’arrêta, il était maître de la rue, il fallait la conserver.

— Que vingt hommes aillent défendre l’autre issue de cette rue, cria-t-il, et que deux hommes s’établissent devant chaque ruelle qui s’ouvre sur elle ; maintenant il faudrait faire savoir aux soldats de Yama-Kava qu’ils doivent s’efforcer de se joindre à nous.