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cheurs ne sont pas ce qu’ils paraissent être, ni les paysans non plus.

— Ceux-ci ont remplacé leurs bêches par des sabres, dit Raïden. Où allaient-ils ainsi ? sont-ils nos ennemis ou nos alliés ?

— Nous le saurons, dit Nagato, car nous allons les faire prisonniers.

Les deux hommes s’avançaient tête baissée pour préserver leur visage de la pluie ; ils croyaient les huttes désertes et ils couraient vers elles pour s’abriter.

— Allons ! entrez ; venez vous sécher, cria Raïden lorsqu’ils furent tout près, la pluie rebondit sur votre crâne comme l’eau d’une cascade sur un rocher.

En entendant cette voix les nouveaux arrivants firent un bond en arrière et s’enfuirent.

On les eut bientôt rejoints.

— Qu’est-ce que cela signifie ? dit Raïden, pourquoi fuyez-vous avec cette promptitude ; vous avez donc quelque chose à cacher ?

— Vous allez nous montrer cela, dit Nata avec son bon rire bête.

Tous les matelots étaient éveillés, ils se rassemblaient dans la même hutte.

On amena les deux hommes devant le prince. Ils avaient sur la tête un chapeau, pareil à un champignon, qui leur cachait la moitié du visage, sur les épaules un grossier manteau de paille non tressée, qui les faisait ressembler à un toit de chaume. Ils ruisselaient.

— Qui êtes-vous ? demanda Nagato.

Ils regardaient le prince d’un air niais et ahuri ? l’un d’eux balbutia quelque chose d’inintelligible.

— Parlez plus clairement, dit Nagato. Qui êtes-vous.

Alors, tous deux ensemble crièrent :