Les sentinelles, qui le voyaient passer et repasser, avec son fils portant une lanterne, ne comprenaient rien à sa conduite et croyaient que le général était devenu fou.
Par instant Yoké-Moura se précipitait à genoux et collait son oreille à terre.
Daïské retenait son souffle.
Une fois, le général se releva vivement, tout ému.
— Est-ce mon sang qui bourdonne à mes oreilles ? dit-il ; j’ai cru entendre quelque chose. Écoute, mon fils, et vois si je ne me suis pas trompé.
L’enfant s’agenouilla à son tour et posa son oreille contre la terre.
— Mon père, dit-il, j’entends distinctement des coups lointains, sourds, réguliers.
Le général écouta de nouveau.
— Oui, oui, dit-il, je les entends très bien aussi ; ce sont des coups de pioche contre la terre c’est là ! Nous les tenons, nous sommes sauvés d’un danger terrible !
— Qu’est-ce donc, mon père ? demanda Daïské.
— Ce que c’est ! Les soldats de Hiéyas sont occupés à construire un souterrain qui part de leur camp, passe sous la ville et sous le fossé, et va aboutir ici.
— Est-ce possible ? s’écria Daïské.
— Un espion m’a prévenu, par bonheur, de l’ouvrage qu’ils entreprenaient ; mais personne ne savait où aboutirait le souterrain. Si j’avais quitté le château, comme le voulait Fidé-Yori, nous étions perdus.
— Il était temps de découvrir le point qu’ils ont choisi pour envahir la forteresse, dit Daïské, qui écoutait toujours ; ils ne sont pas loin.