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côté du sud ; le général Signénari était donc inactif dans l’île d’Avadsi et on n’osait le rappeler cependant. L’usurpateur ne s’efforçait pas non plus de rompre les lignes qui barraient l’île de Nipon : son armée, divisée en petits détachements, venait par la mer, abordait sur différents points de la côte près d’Osaka, puis, la nuit, surprenait et enlevait une position.

Hachisuka, général de Hiéyas, s’empara ainsi d’un village voisin de la capitale. Cette nouvelle se répandit dans Osaka et y jeta l’épouvante. Les soldats du siogun avaient été massacrés. Au moment de l’attaque, leur chef, Oussouda, était absent ; il s’enivrait de saké dans une maison de thé des environs.

Le général Sanada-Sayemon-Yoké-Moura voulait attaquer immédiatement les vainqueurs et s’efforcer de les déloger de la position conquise. Fidé-Yori le pria de n’en rien faire.

— Ton armée n’est pas assez nombreuse pour faire le siège d’un village, lui dit-il, et si par malheur tu étais vaincu la ville serait sans défenseurs. Rappelle les troupes que tu as envoyées à Yamasiro, et jusqu’à arrivée contentons-nous de défendre Osaka.

Yoké-Moura obéit à regret. Il fit surveiller l’ennemi par d’habiles espions.

Bientôt les troupes de Yamasiro revinrent. Un combat était imminent. Cependant c’était Yoké-Moura, cette fois, qui refusait de sortir de la ville et de livrer bataille.

Il ne quittait même plus l’intérieur de la forteresse ; on le voyait s’y promener jour et nuit, agité, inquiet, paraissant chercher quelque chose. La nuit surtout, accompagné seulement de son fils Daïské, qui n’avait que seize ans, il errait sans relâche le long de la première muraille.