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causer avec les serviteurs sans éveiller de soupçon, je saurai découvrir ce que tu veux savoir.

Fatkoura rentra dans le palais, et accablée se laissa tomber sur des coussins, presque sans pensée.

Tika resta longtemps absente ; lorsqu’elle revint, sa maîtresse était encore à la même place, immobile.

— Eh bien, Tika ? dit-elle dès qu’elle aperçut la jeune fille.

— Je sais où il est, maîtresse, on m’a montré de loin le pavillon qui l’abrite, je saurai t’y conduire.

— Allons dit Fatkoura en se levant.

— Y songes-tu ? s’écria Tika ; il fait encore grand jour il faut attendre la nuit.

— C’est vrai, dit Fatkoura, attendons.

Elle retomba.

Jusqu’au soir elle demeura sans mouvement, sans parole, le regard fixé sur le même point du plancher.

Lorsque la nuit fut tout à fait venue, elle se leva.

— Partons dit-elle.

Tika n’objecta rien et marcha devant. Elles traversèrent de nouveau les jardins, longèrent d’autres habitations, des cours ; la jeune fille s’orientait en regardant de temps à autre la grande tour, sur laquelle brillait un fanal.

— Tu vois ce pavillon surmonté de deux toitures, on peut les distinguer sur le ciel. C’est là.

— La fenêtre est éclairée, dit Fatkoura, il est là ; est-ce bien possible ? vaincu, prisonnier, prêt à mourir.

Elles avancèrent encore.

— Y a-t-il des soldats ? demanda Fatkoura à voix basse.

— Je ne sais, dit Tika, je ne vois personne.