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— Ma fille, disait-il à Fatkoura, que n’es-tu restée à Kioto !

— Mon père, répondait la jeune femme, être ici dans le château de mon époux, au moment où il est menacé, c’est mon devoir et c’est mon plaisir.

Les dangers qu’elle courait d’ailleurs l’inquiétaient peu, toute sa colère était partie, elle n’avait plus que de l’amour, elle tremblait pour la vie du bien-aimé, des angoisses affreuses la torturaient, l’arrivée d’un messager ne la tranquillisait pas.

— Depuis que cet homme l’a quitté, se disait-elle, il a pu mourir vingt fois.

Mais le château fut bloqué, les messagers n’arrivèrent plus.

La ville fit une vive résistance, elle fut prise le cinquième jour ; puis on commença le siège du château-fort.

C’était le prince de Toza lui-même qui surveillait les travaux de ses soldats.

Ils construisirent d’abord une longue toiture en bois recouverte de plaques de fer, puis ils la soulevèrent sur de très-hauts poteaux et l’assujettirent. Cela fit une sorte de hangar qu’ils mirent dans le fossé. Ils apportèrent alors de la terre, des pierres, des broussailles et les jetèrent dans l’eau. Les flèches qu’on leur lançait rebondissaient sur la toiture. On poussa du haut de l’éminence des quartiers de roche, des blocs énormes, pour écraser ce dangereux abri ; mais en roulant sur la pente leur force s’amortissait ; la plupart tombaient dans le fossé. Ils fortifiaient le travail des assiégeants, qui tranquillement, sous le bouclier qu’ils s’étaient construit, comblaient une partie du fossé.

On cessa de jeter des projectiles du haut des murailles.