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entendu les coups de feu, qui pour elle étaient un signal, elle quitta aussitôt le rivage et déploya ses voiles, qui prirent aux premiers rayons du soleil l’adorable couleur des fleurs de pêcher.

Dès que les barques furent à portée de sa voix, le prince de Nagato, debout dans le canot, cria de toutes ses forces :

— Cernez ces chaloupes, coupez-leur la retraite, faites-les prisonnières !

Loo trépignait de joie.

— Après avoir coulé les grands bateaux, nous allons confisquer les petits, disait-il.

Les soldats comprirent le danger ils virèrent de bord et se mirent à fuir. Mais comment lutter de vitesse à l’aide des rames avec ces grandes voiles gonflées par la brise matinale ?

Les chaloupes furent bientôt rejointes, puis dépassées.

Les soldats se virent perdus. En gouvernant droit sur eux et avec un seul choc, une de ces grandes embarcations pouvait les couler en une seconde. Ils se hâtèrent de jeter leurs armes dans l’eau en signe de soumission.

On hissa les hommes à bord puis les chaloupes furent effondrées et elles coulèrent.

— Allez retrouver votre énorme mère au fond de l’océan ! criait Loo en les regardant s’enfoncer.

Les trois canots rejoignirent la flottille. Le prince et les matelots remontèrent sur les grandes embarcations.

Loo raconta alors, à ceux qui étaient restés, comment on avait coulé les jonques des ennemis, comment il s’était noyé dans un trou, puis était ressuscité pour porter un sabre, comme un seigneur.