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Raïden levait la tête ; il regardait la coque du navire.

— N’y a-t-il pas un hublot là au-dessus de nous ? dit-il.

— Je ne vois rien, dit le prince.

— Tu n’es pas accoutumé comme nous à y voir dans l’ombre, pendant les nuits de tempête, dit Nata ; moi j’aperçois très bien le hublot.

— Il faudrait entrer par là, et aller pousser la planche, dit Raïden.

— Tu es fou, aucun de nous ne peut passer dans cette étroite ouverture.

— Si le petit Loo était ici, murmura Raïden, il entrerait bien lui !

À ce moment le prince sentit quelque chose qui remuait dans ses jambes, et une petite forme se dressa du fond du bateau.

— Loo savait bien qu’on aurait besoin de lui, dit-elle.

— Comment ! tu es là ? dit le prince.

— Nous sommes sauvés, alors, dit Raïden.

— Vite, dit Loo, hissez-moi jusqu’à la lucarne.

— Écoute, dit Raïden à voix basse, une fois entré tu tâteras la paroi et tu compteras cinq planches en descendant, droit au-dessous de l’ouverture, la sixième tu la pousseras, mais aussitôt que tu la sentiras céder, tu t’arrêteras et tu reviendras ; si tu la poussais complètement, l’eau, en pénétrant dans le vaisseau, t’engloutirait.

— Bon ! dit l’enfant.

Nata s’était adossé à la jonque.

— Tu n’as pas peur, Loo, dit le prince.

Loo, sans parler, fit signe que non. Il était déjà sur les épaules de Nata et se cramponnait des deux mains