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— Cela dépend : dans les mauvais jours, quand la mer est impitoyable, on ne gagne pas même un itzibou ; les bons coups de filet rapportent quelquefois jusqu’à un demi-kobang.

— Eh bien, je vous payerai un demi-kobang par jour tant que la guerre durera.

— C’est trop ! c’est trop ! s’écria-t-on de tous côtés, notre sang ne vaut pas cela.

— Je ne me rétracterai pas, dit le prince.

— Mais songe donc, s’écria Raïden, nous sommes nombreux, si tu nous engages tous à ce prix-là, le total sera considérable !

— Je sais compter, dit le prince en souriant, il me faut deux cents hommes, cela fera cent kobangs par jour, trois mille kobangs par mois, trente-six mille kobangs par an.

Raïden écarquillait les yeux.

— Où trouveras-tu tant d’argent ?

— Vous n’avez pas idée de la fortune des princes, dit Nagato étonné de ce singulier débat ; je m’apercevrai à peine de cette dépense, n’ayez donc aucun scrupule.

— Bien ! bien ! s’il en est ainsi, nous acceptons, s’écrièrent les matelots.

— Pour ce prix-là tu peux nous faire couper en cinquante morceaux, dit Raïden, qui n’était pas encore revenu de sa stupéfaction.

— Vous courrez de grands périls, dit le prince, il faudra être dévoués et intrépides.

— Celui qui lutte avec la mer n’a plus peur des hommes, dit un matelot ; nous sommes habitués au danger.

— Écoutez, dit Nagato ; vous choisirez parmi vos barques cinquante des meilleures et des plus fortes ;