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— Signénari ! s’écria. Nagato en reconnaissant le jeune chef. Qu’est-il arrivé ?

— J’apporte des nouvelles graves et tristes, dit Signénari. La guerre civile nous menace. Hiéyas a levé des armées ; il occupe la moitié du Japon. Avec une promptitude surprenante, il a rassemblé des forces considérables, bien supérieures aux nôtres. Le danger est imminent, c’est pourquoi le maître veut rassembler autour de lui tous ses serviteurs.

— Hélas ! hélas ! s’écria Nagato, l’avenir m’épouvante, le pays va donc être inondé du sang de ses propres enfants. Que dit le général Yoké-Moura ?

— Yoké-Moura est plein d’énergie et de confiance, il réunit le conseil de guerre. Mais un autre malheur nous frappe encore, le prince de Mayada a cessé de vivre.

— Il est mort, ce cher vieillard, dit Nagato en baissant la tête, le seul qui n’ait jamais ployé devant le pouvoir envahissant de Hiéyas ! Il eût été le père de Fidé-Yori qu’il ne l’eût pas aimé plus qu’il ne l’aimait. C’est lui qui, à la mort de Taïko, l’apporta, tout enfant, dans la salle des Mille-Nattes et le présenta aux princes qui lui jurèrent fidélité. Combien l’ont trahi depuis ce jour ! Combien le trahiront encore ! Pauvre Mayada, toi seul savais imposer un peu de respect à Hieyas ; maintenant, il ne craint plus rien.

— Il nous craindra, je te le jure s’écria Signénari avec un éclair héroïque dans les yeux.

— Tu as raison, pardonne-moi ce moment de faiblesse, dit le prince en relevant la tête, je suis si écrasé de chagrins que cette nouvelle tristesse m’a une minute accablé.

Les chasseurs s’étaient aperçus de l’absence du prince de Nagato. Croyant à un accident, on avait