Bientôt le mikado s’assit sur un tapis devant le dîner de son choix, il commença à manger, mais alors la Kisaki entra sans s’être fait annoncer. Elle aussi, pour paraître devant le suprême seigneur, devait avoir délivré sa chevelure de tout lien ; ses beaux cheveux noirs étaient donc dénoués, ils ondulaient jusque sur le sol.
Le mikado leva les yeux sur elle avec surprise ; il se hâta d’avaler le morceau qu’il avait dans la bouche.
— Ma compagne bien-aimée, dit-il, je ne m’attendais pas à te voir.
— Mon divin seigneur, dit-elle, je suis venue vers toi pour t’annoncer que dans peu de temps je vais perdre une de mes femmes ; la belle Fatkoura va se marier.
— Très bien très bien dit le mikado, et avec qui ?
— Avec le prince de Nagato.
— Ah ! ah ! je consens au mariage.
— Et quelle princesse nommes-tu pour remplacer celle qui me quitte ?
— Je nommerai celle que tu me désigneras.
— Merci, maître, dit la Kisaki, je m’éloigne de ta divine présence en te priant de me pardonner d’avoir osé interrompre ton repas.
— Oh ! cela ne fait rien, dit Go-Mitzou-No, qui se hâta, dès que son épouse se fut éloignée, de rattraper le temps perdu.