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XII


LE VERGER OCCIDENTAL


Lorsque le prince de Nagato s’éveilla, le lendemain, il éprouva un sentiment de bien être et de joie que depuis longtemps il ne connaissait plus. Jouissant de cet instant de nonchalante rêverie qui est comme l’aube du réveil, il laissait errer ses regards sur les ombres sautillantes des feuilles que le soleil, du dehors, jetait contre les stores fermés. Des milliers d’oiseaux piaillaient et gazouillaient, et l’on eût pu croire que c’était la lumière elle-même qui chantait dans ce pétillement de voix claires.

Le prince songeait à la journée de bonheur qui allait s’écouler. C’était une oasis dans le désert aride et brûlant de son amour ; il repoussait la pensée du prochain départ avec son cortège de tristesses, pour s’abandonner entièrement à la douceur du présent ; il était heureux, tranquillisé.

La veille, l’esprit plein de souvenirs, le cœur plein d’émotion, il avait compris que le sommeil le fuirait