Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Cependant, il s’affirma bientôt ; tout le monde l’entendit. Des murmures de voix s’y mêlaient.

— Voici les ambassadeurs, dit Simabara.

Peu après, on entendit le cliquettement des armes dont les princes se dépouillaient avant de paraître devant la souveraine.

Tsusima s’avança de l’intérieur de la maison et annonça les nobles envoyés qui parurent à leur tour et se prosternèrent devant la Kisaki.

— Relevez-vous, dit vivement la jeune femme, et apprenez les lois qui régissent notre petite cour des fleurs. L’étiquette cérémonieuse en est bannie, j’y suis considérée comme une sœur aînée. Chacun est libre et à l’aise et n’a d’autre occupations que d’imaginer des distractions nouvelles, ici le mot d’ordre est gaieté.

Les seigneurs se relevèrent, on les entoura et on les questionna sur les récents événements d’Osaka.

La Kisaki jeta un rapide regard sur le prince de Nagato ; elle fut frappée de l’air de faiblesse empreint dans toute la personne du jeune homme ; mais elle surprit dans ses yeux un étrange rayonnement plein de fierté et de joie.

— Il a lu les vers que je lui ai donnés, pensa-t-elle. Suis-je folle d’avoir écrit cela !

Elle lui fit signe cependant de s’approcher.

— Imprudent, lui dit-elle, pourquoi t’être mis en route si faible, si malade encore ?

— Tu as daigné protéger ma vie, divine reine, dit le prince, pouvais-je tarder plus longtemps à venir te témoigner mon humble gratitude ?

— Il est vrai que ma prévoyance t’a sauvé de la mort, mais n’a pas réussi à te préserver de blessures terribles, dit la reine ; il semble que tout ton sang ait