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en face l’un de l’autre, surveillant le duel des jolis oiseaux, prêts à relever les morts et à mettre en présence de nouveaux combattants.

— Combien j’ai peu de chance de gagner, dit un seigneur au visage spirituel, moi qui ai osé parier contre ma souveraine !

— Tu es le seul qui ait eu cette audace, Simabara, dit la Kisaki, mais si tu gagnes, au prochain combat, je suis sûre que tous parieront contre moi.

— Il pourrait bien gagner, dit le prince de Tsusima, époux de la belle Iza-Farou-No-kami.

— Comment s’écria la Kisaki, suis-je donc si près de perdre ?

— Vois, ton champion faiblit.

— Courage encore un effort courage, petite guerrière ! dit la reine.

Les cailles, les plumes hérissées, le cou allongé, s’arrêtèrent un instant, se regardant immobiles, puis s’élancèrent de nouveau. L’une d’elles tomba.

— Ah c’est fini, s’écria la Kisaki se relevant, elle est morte ! Simabara a gagné.

Des jeunes filles apportèrent des sucreries et des friandises de toutes sortes, du thé cueilli sur les montagnes voisines, et les jeux cessèrent un instant.

Alors un page s’approcha de la Kisaki et lui dit que, depuis quelques minutes, un messager était là, apportant des nouvelles du palais.

— Qu’il vienne, dit la souveraine.

Le messager s’avança et se prosterna.

— Parle, dit la Kisaki.

— Lumière du monde, dit l’homme, l’ambassade du siogoun est arrivée.

– Ah dit vivement la Kisaki. Et quels sont les princes qui la composent ?