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« Lorsque Iza-Na-Gui fut descendu sur la terre, sa compagne, Iza-Na-Mi, le rencontra dans un jardin.

« — Quel bonheur de voir un aussi beau jeune homme, s’écria-t-elle.

« Mais le dieu, mécontent, répondit :

« — Il n’est pas convenable que ce soit la femme qui ait parlé la première. Reviens à ma rencontre.

« — Ils se quittèrent et se rejoignirent de nouveau.

« — Quel plaisir de rencontrer une aussi jolie fille ! dit alors Iza-Na-Gui.

« — Lequel des deux a parlé le premier ? »

La voix se tut. L’accompagnement se prolongea quelques instants encore.

Une discussion s’établit parmi les buveurs. Ils répondaient à la question posée par la chanteuse.

— C’est le dieu, qui a été salué d’abord, disaient les uns.

— Non ! non ! c’est la déesse criaient les autres. La volonté du dieu a annulé le premier salut.

— L’a-t-il annulé ? — Sans doute ! sans doute ! Ils ont recommencé comme si rien n’avait eu lieu.

— Ce qui n’empêche que ce qui a été a été, et que la femme a parlé la première.

La discussion menaça de s’envenimer mais tout se termina par un plus grand nombre de tasses vidées. Bientôt la cohue s’éclaircit, et l’auberge redevint paisible.

Une servante aperçut alors le vieillard appuyé contre une colonnette et tenant teneurs la jeune fille par la main.

— Vous-voulez du thé ou da saké ? demanda-t-elle.