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quis avec émotion. Je suis bien heureux de te revoir, car j’étais inquiet de toi.

— Tu as dû me croire un ingrat, dit Arslan ; après les soins fraternels que tu m’as prodigués, et cette douce convalescence dans la petite maison de Pondichéry, où j’ai appris à te connaître et à t’aimer, ce long silence de ma part eût été bien coupable s’il eût été volontaire ; mais tout de suite vous avez été enfermés par cette affreuse guerre, dont vous êtes sortis plus glorieux que jamais. Alors, c’est la mousson qui m’a barré la route, et maintenant, quand j’allais t’envoyer un messager, j’ai appris que tu venais te joindre à l’armée du nouveau Soubab, alors je me suis engagé à son service, et je t’attendais.

— Je ne t’ai jamais accusé, dit le marquis, j’étais sûr de ton cœur.

— Tu l’a conquis et il est bien à toi, dit l’umara ; mais donne-moi des nouvelles de là-bas ; comment se portent le bon Naïk et le joli page Florian ?

— Naïk est ici avec moi ; mais Florian, bien triste, est resté à la maison.

— Pauvre enfant ! je lui enverrai des oiseaux rares, et des confitures d’Amba.

Bussy baissa la voix pour demander à Arslan :

— Et la reine ? tu l’as donc quittée ? Comment t’at-elle reçu ?

— Comme tu l’avais prédit, elle m’a remercié de ne pas t’avoir tué, et voulait me garder près d’elle ; mais je lui ai déclaré que je ne pouvais plus la servir contre toi, que j’avais été ton hôte et étais devenu ton