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çant ses pieds d’ivoire dans de profonds tapis, était un siège large, sans dossier, recouvert de coussins de velours bleu, brodé d’or et de perles fines ; et derrière lui, s’arrondissait un vaste écran imitant les plumes chatoyantes du paon, au moyen d’émeraudes et de saphirs.

Par une disposition voulue, à l’heure des audiences, le soleil donnait dans la haute porte faisant face au trône et, lorsqu’elle s’ouvrait, un faisceau de rayons tombait sur le souverain, incendiant les pierreries de sa parure, et enveloppant d’une gloire surnaturelle la majesté royale.

Quand les battants s’écartèrent devant Bussy, tandis que quatre hérauts criaient ses noms et que trompettes et musique le saluaient, un moment il demeura ébloui sur le seuil. Toute la salle disparaissait devant ce resplendissement du trône, dont les moindres détails frappaient les regards.

La reine y était assise, les jambes croisées, dans l’attitude des dieux, vêtue comme eux. Elle avait une mitre d’or ajouré, bordé d’un diadème en forme de feuillage, encadrant son front, contournant ses oreilles et s’arrêtant un peu au-dessus des épaules avec une torsion de reptile. Son torse était nu, mais voilé par le ruissellement d’un filet de pierreries. Une ceinture de palmes d’or, alternées avec des grappes de perles, retombait sur la jupe étroite, d’une soyeuse étoffe bleu céleste, toute couverte d’une rosée de diamants. Elle tenait un sceptre terminé par un bouton de lotus, et apparaissait tellement lumineuse que la gerbe de saphirs et d’émeraudes, épa-