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— Il y est, répondit une voix tout près de lui, mais, aujourd’hui, il te connaît, il t’a vu combattre et te tient pour un demi-dieu.

Arslan, appuyé d’un genou au banc, regardait Bussy en souriant.

— Tu es un brave et ton estime m’est bien précieuse, dit Bussy en tendant la main à l’umara.

— Merci, dit Arslan, en serrant cette main d’une étreinte forte et franche, mon cœur et mon sabre sont à toi.

— Comment étais-tu là, près de moi ? demanda le marquis.

— Je te cherchais encore, et, cette fois comme l’autre, en qualité d’ambassadeur.

— De qui donc ?

— D’un personnage illustre que tu auras, je crois, plaisir à voir : le grand vizir Rugoonat Dat.

— Le brahmane ! s’écria Bussy en se levant, où est-il ?

— Suis-moi, je vais te guider, si c’est possible, à travers cette foule.

Ils s’éloignèrent ensemble, obligés de marcher lentement, car on se pressait sur leur route, avec une curiosité indiscrète. Bussy n’était plus le capitaine inconnu, qu’on remarquait seulement naguère à cause de sa bonne mine, il était célèbre maintenant ; à sa jeunesse et à sa grâce, s’ajoutait le prestige de la gloire.

Le grand vizir était, avec Dupleix, sous une sorte de dais en satin, élégamment accroché aux palmiers, au-dessus de divans et de coussins. Le gouverneur et