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— Le Soubab sait cette nouvelle, et il passe son temps en chasses et en orgies ! s’écria le nabab de Kanoul.

— Il entretient une correspondance secrète avec le gouverneur de Pondichéry, c’est cela qui le rassure, dit un umara.

— Et c’est cela qui nous inquiète, ajouta le nabab de Kadapa.

— Le chef français vous expliquera les raisons pour lesquelles le grand Dupleix agit ainsi, dit Chanda-Saïb en prêtant l’oreille. Quelqu’un vient, c’est lui.

Un homme parut dans le cadre de la porte ; il était enveloppé par un manteau sombre, que relevait d’un côté la pointe de l’épée, et coiffé de ce tricorne, galonné d’or, qui avait maintenant, aux yeux des Maures, plus de prestige qu’une couronne.

Il se découvrit : c’était le marquis de Bussy. Chanda-Saïb courut à lui, avec une exclamation joyeuse, lui serrant les mains, mais le jeune homme gardait une expression grave et sévère.

— Qu’Allah te comble de ses grâces ! dit le musulman, et permette que tu nous donnes d’heureuses nouvelles du cher seigneur Dupleix Bâhâdour.

— Dupleix est fort mécontent, dit le marquis ; il doute d’alliés qui, par leur manque d’obéissance aux

    cents Spartiates au pas des Thermopyles, puisque ces Spartiates y périrent et que les Français furent vainqueurs : mais nous ne savons peut-être pas célébrer assez ce qui mérite de l’être, et la multitude innombrable de nos combats en étouffe la gloire. » (Précis du siècle de Louis XV, chap. xxxiv.)