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— Le chamelier-courrier ! annonça un valet, en ouvrant une autre porte.

Dupleix, plein d’impatience, alla au-devant du messager. C’était un soldat, qui lui remit la dépêche, en faisant le salut militaire.

Le gouverneur lut tout haut :

— « … L’ennemi a détourné le Montaron, l’eau nous manque subitement et la population est exaspérée. Je détache un corps de quatre cents hommes, avec deux pièces de campagne, pour essayer de repousser les assiégeants au delà du fleuve… » Le combat est donc engagé à l’heure qu’il est, dit Dupleix. Pour la première fois les Indiens et les Français sont en présence. Quatre cents hommes et deux canons contre une armée ! c’est à faire frémir !… Que Dieu nous donne la victoire !

Son beau visage avait pâli. Il demeura un instant immobile, les sourcils contractés, le front penché vers la terre ; mais bientôt il releva la tête.

— Monsieur de Bussy, dit-il, faites-moi la grâce d’aller trouver Paradis et dites-lui qu’il doit, à tout prix, être prêt ce soir ; de Mainville et Kerjean vous accompagneront et se mettront avec vous à sa disposition. Nous sommes le 2 novembre, le 4 au matin Paradis doit avoir rejoint l’ennemi.

Les trois jeunes gens saluèrent rapidement et sortirent. Tous ceux qui se trouvaient présents comprenant que la réception était finie se retirèrent aussi.

Resté seul avec sa femme et les jeunes filles, serrant son front dans ses mains, Dupleix se laissa tomber sur le divan, près de la begum.