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Un officier de marine entra, portant des dépêches.

— De Madras ! enfin ! s’écria Dupleix.

Le gouverneur, rapidement, ouvrit les lettres, qu’il lut d’abord pour lui seul, au milieu d’un silence profond.

— C’est de d’Espréménil, dit-il bientôt. Voici ce qu’il m’écrit, messieurs. « Marphiz-Khan, le fils aîné du nabab Allah-Verdi, est à la tête de l’armée ennemie. Il campe sur les rives du Montaron et semble vouloir se borner à un blocus peu dangereux, puisque nous gardons par mer et par terre nos communications avec vous. Nous ne découvrons aucune trace de travaux de siège. Nous ne voyons que d’innombrables cavaliers, des tentes, que leur blancheur dénonce sous les banyans et les cocotiers, et quelques sentinelles immobiles, accroupies sur leurs talons. Nous veillons. L’esprit de la garnison est excellent. »

— Cette inaction doit cacher quelque piège, dit Dupleix en refermant la lettre, mais nous aurons bientôt des nouvelles plus fraîches par mes chameliers-courriers, qui marchent comme le vent, avec des relais d’heure en heure.

— Un émissaire de la begum ! annonça un serviteur noir, en soulevant la draperie qui masquait une petite porte dérobée.

— Voici le moment d’entrer en fonctions, monsieur de Bussy ; vous traduirez et écrirez rapidement ce que cet homme va nous dire.

Et Mme Dupleix poussa vers le jeune homme une sorte d’escabeau incrusté de nacre, sur lequel était posée une écritoire d’or.